Si tu traverses les forêts de mon visage
Et les ronds-points de ma poitrine après minuit
Si tu es pris d’un grand courage
Et t’égares dans mes pays
Au bercement des oies sauvages
N’espère plus trouver ce qui t’avait conquis
Tout ceux que j’abritais tendrement sous mes lèvres
Et qui me répondaient lorsque j’avais trop faim
Les boisseaux de soleil qui coulaient de mes mains
Les vents alcoolisés qui me donnaient la fièvre
Tous les arbres venus s’appuyer à mon cou
Et les rouges cerviers du soir dans mes genoux
L’odeur de mes vingt ans emportés par les lièvres
Tout cela n’était rien puisque je vis encore
Il fallait me jetter sur le plancher du bord
Dépouillé de mes biens terrestres de mes armes
Peut-être aurais-je pu répondre de mes larmes
J’ai trop couru le monde à la suite des mers
Et lorsque je reviens m’accouder à la table
C’est pour trouver la même vague au fond du verre
Paroles & Musique: René-Guy Cadou – Martine Caplanne