J’ai la raison qui déraille
Comme un succès d’avant-guerre
Elle a cassé l’gouvernail,
Elle m’a laissé seul en mer
Faut surtout pas m’consoler
Je crois plus rien ni personne
J’ai fermé ma porte à clé,
J’ai débranché l’téléphone
Des cachets blancs pour dormir
Beaucoup trop lâche pour la mort.
Des cafés noirs pour tenir,
‘Paraît qu’la terre tourne encore.
‘Faut surtout pas m’dire en face
Vos phrases toutes faites sur l’amour.
Qui faut qu’je bouge ma carcasse,
Qu’j’en rirai dans huit jours.
Y’a plus rien à voir,
l’funambule est tombé,
C’est trop tard.
Rangez vos mouchoirs
Et laissez-le pleurer
Dans le noir
Elle m’a laissé avec mes rêves,
Un lit glacé, un bâton d’rouge à lèvres.
Priez braves gens à sa mémoire,
Le Funambule est mort ce soir.
La nuit je traîne notre histoire
Comme un taureau dans l’arène.
Toréador dans le noir,
La mise à mort est la même.
J’vous jure qu’y a pas une réplique
Que j’connaisse pas mot à mot.
Héros d’une pièce sans public,
Dans un théâtre sans rideau.
Il faut qu’je change de décor,
Qu’j’apprenne à vivre sans elle
Même si j’vous fais un pont d’or,
Me donnez plus d’ses nouvelles.
Elle m’a cassé comme un jouet,
Comme une poupée d’porcelaine.
Laissez-moi seul par pitié,
Ce soir Pierrot a d’la peine.
Paroles & Musique: Romain Didier