Chanter pour que d’autres rechantent
Chanter pour que d’autres se taisent
Chanter contre la vie méchante
Chanter pour pas mourir à l’aise
Chanter pour déborder sa viande
Chanter pour être sûr des autres
Chanter pour que l’âme se vautre
Chanter pour que l’on vous entende
Chanter pour dépasser les hommes
Chanter pour respecter les femmes
Chanter pour effacer les gommes
Qui font que les printemps se fânent
Chanter pour les enfants qui passent
Qui vous jugent du bout du nez
Et qui sont déjà étonnés
Que quelques ans laissent tant de traces
Chanter pour ceux qui n’écoutent pas
Mais qui viennent me voir quand même
Parce qu’on ne sait jamais, n’est ce pas
Ça pourrait bien être le même
Et chanter pour ceux qui comprennent
Que les enfants font des enfants
Et que les enfants des enfants
Seront toujours l’ enfant du même
Chanter pour un moment de rêve
Chanter pour un peu de musique
Chanter parce qu’il me dit crève
De ne vivre qu’ à sens unique
Chanter parce qu’il y en a qui pleuvent
Et qui ne peuvent pas faire autrement
Chanter pour qu’une maman qui pleure
D’attendre un enfant au Liban
Chanter pour briser le silence
De ceux qui meurent sans retour
Chanter pour prouver à l’absence
Que Debronckart vivra toujours
Chanter par peur de la prudence
Pour ne pas finir en troupeaux
Dans la quelconque suffisance
De ceux qui achèvent les chevaux
Chanter pour ceux qu’on ose à peine
Effleurer d’un coeur maladroit
Chanter pour pouvoir dire je t’aime
A une fille qu’on n’ose pas
Chanter pour être sur de soi
Devant le visage de l’autre
Et pour s’excuser quelques fois
De n’être qu’une queue qui se vautre
Crier pour qu’une femme s’en aille
Pleurer pour qu’un ami revienne
Et balbutier le coeur en braille
Que les oiseaux sont seuls sans ailes
Cracher son dernier souvenir
Avec des envies de se pendre
Ou du moins l’envie de se rendre
Sans arme devant l’avenir
Brûler pour que tous les bons Dieux
Deviennent copains rien qu’un instant
Bouddha, machin ou qui tu veux
Ça dépend de son continent
Vouloir être le dernier loup
Qui va un peu rougir la neige
Parce qu’il se jette malgré tout
Dans n’importe quel piège
Chanter pour ceux qui n’ont plus rien
Que des milliers d’hectares de sable
Et qui attendent le ventre en mains
Que je devienne raisonnable
Chanter pour ceux ont plus soif
De flotte que de whisky coca
De liberté que de vodka
D’une paire d’amis qu’une paires de baffes
Chanter pour ceux qui sont tous nus
Devant la justice des hommes
Ceux dont le printemps n’a vécu
Que pour aller jusqu’à l’automne
Chanter pour que les cons se taisent
Chanter pour niquer la bêtise
Chanter pour que le coeur se brise
Et prendre le temps des cerises.
Paroles & Musique: Bruno Brel