Un piano,
C’est tiède comme une femme.
Ca tient les mains au chaud
Et ça tient chaud à l’âme.
Un piano,
C’est comme un catafalque,
Ca sent déjà l’encens,
Un Piano,
C’est doux comme du talc.
Et dedans dorment les musiciens,
La tête penchée sur des blanches,
Comme un nid blotti dans les branches,
La tête de Jean-Sébastien…
Un piano,
Mais oui, c’est transportable,
Un piano,
J’en ai un dans mon ventre,
J’en ai un dans mon cartable,
Un piano,
Ca tremble comme un fanal
Au fond d’une vallée,
Un piano,
C’est long comme un canal.
Et dedans se noient les musiciens,
La tête penchée sur des noires,
Ils me racontent leur histoire,
L’histoire de Jean-Sébastien…
Un piano,
C’est là comme un ami.
Ça donne son silence,
Ca vous veille la nuit,
Un piano,
C’est lourd comme une armoire,
Ça couve la musique,
Ça garde la mémoire…
Et dedans, rêvent les musiciens,
La tête penchée sur l’ivoire,
Y a pas besoin de jouer pour voir
La tête de Jean-Sébastien…
Au piano,
Je m’y assois souvent,
Sans toucher, sans toucher,
Et j’attends, et j’attends…
Qu’ils reviennent les musiciens,
La tête penchée sur la Vie,
Qu’il revienne le souvenir ancien
Des doigts de Dinu Lipatti.
Paroles: Henri Tachan
Sur une musique empruntée à Jean-Sébastien Bach