On était des dizaines
D’obligés ou de rêves
À crever les eaux de la mer
Avec un monde à bâtir
Des enfants du partir
Lancés dans l’horizon
Le vent dans l’avenir
Pis le voyage pour de bon
Dans les bras de la houle
La boussolle en dérive
On se retroussait la brise
Dans le destin chavirant
D’elle
Immense
La vieille mère-chanson
Qui nous avait endormis
Sur un air d’espérance
On était des centaines
On la savait encore
On l’apportait partout
Du désir à la mort
Le chant comme un cri
Pour s’accorder les sueurs
Les métiers puis les si
Puis les battements du coeur
Dans les ciels incertains
On tirait de quoi vivre
Et des terres en défriche
On cultivait le temps
D’elle
Immense
La vieille mère-chanson
Qui nous avait consolés
Sur un air d’espérance
On était des milliers
La patrie éventrée
À voler de mémoire
Et de nos propres airs
On s’inventait des murs
Pis des chemins pointillés
De village en courage
En maisons rapprochées
Dans les faits et les gestes
Les chansons en canon
Ont mis les semelles battantes
Et le pas militaire
D’elle
Immense
La vieille mère-chanson
Qui nous avait fait rêver
Sur un air d’Espérance
Pis l’ampleur
Pis les souhaits
Pis les chacuns de son bord
Bientôt jusqu’à tomber dans les trous de mémoire
Peut-être qu’un jour
On serait des millions
À se retrouver l’idée
Dans la même chanson
D’elle
Immense
La vieille mère-chanson
Celle qui nous réveillera
Sur un air…
Paroles & Musique: Fred Pellerin