Quand j´étais sur la terre
Sous-locataire
D´un kilo de futur
Des monsieurs incomplets-vestion
M´ont invité à une grande déception
Maintenant je ne pleure plus
Je ramasse des vies
Pour le jour J
Et dans mon cœur-bunker
Je frappe monnaie à ton effigie
Va-t´en pas
Dehors les chemins sont coulants
Les serments de rosée
Va-t´en pas
Dehors y a des silences bondés
D´autobus tombés sur le dos
Et vaniteux qu´ils sont
Aux bouquets de clés
Aux bijoux de panique
Ils vont t´asseoir dans un bureau
Pendant qu´ici il fait beau
Ils perceront l´écran
Pour t´offrir une carrière
Où noyer ton enfant
" Ils briseront les lois
Les cadenas et les os "
Va-t´en pas
Dehors y a des orgies d´ennui
Jusqu´au fond des batteries
Va-t´en pas
Dehors j´ai vu un ciel si dur
Que tombaient les oiseaux
Tu sais que je lis
Sous les robes du temps
Et dans les lignes du ciment
Toi tu as des yeux
Qui trahissent le sort
Tu mérites l´amour
Maintenant que tu vois
Tout ce qui n´existe pas
Et si tu veux venir
Neptune me guide
Où j´ai semé des larmes
Mes armes sont en fleurs
Va-t´en pas
Moi j´ai tant d´amis
Je peux pas les compter
Va-t´en pas
J´ai autant d´amis
Que mille Mexico
Va-t´en pas
Toi, tu es ce soleil aveuglant les étoiles ;
Quand tu parles au mourant sa douleur est si douce.
Pour trouver le ravage et tuer l'animal,
Pour trouver le refuge tu es mieux que nous tous,
Nataq.
Je dis que je ne peux rêver la vie sans toi.
J'ai la mémoire des eaux où je me suis baignée.
Maintenant que tu vis, que je rêve à la fois,
Tout mon être voudrait que tu sois le dernier,
Nataq.
Mais je ne veux pas mourir sur ce rocher accore
A la vue des autres, abusée par les dieux.
Il n'y a pas de fleurs pour jeter sur mon corps,
Et qui donc frappera le tambour de l'adieu ?
Je te le redis, je te suivrai dans la fosse,
Mais je veux de la terre, ô Nataq, tu m'entends !
Si cela te convient, si la vie nous exauce,
Nous serons ensemble jusqu'à la fin des temps.
Mais je suis si inquiète, la lumlère retarde
Un peu plus chaque jour, ton silence m'opprime.
Ouvre les yeux et vois que les loups nous regardent,
Ils ont déjà choisi le moment, la victime.
Et voilà que s'échappe dans ce ciel obscurci
Le souffle du chaman étranglé de remords.
Vois ! il tremble de peur et ses doigts sont noircis,
Et pendant que je t'aime, il appelle la mort.
Si la mort se hasarde où s'achève le monde
Sois certain qu'elle ne viendra pas que pour lui ;
Cachons bien nos blessures, elle s'en vient pour le nombre.
Ô Nataq bien-aîmé, moi, mon coeur a conclu,
Moi, je meurs de mourir dans ce funeste camp.
Oui, nous sommes perdus comme nul ne le fut,
Oui, nous sommes perdus mains encore vivants.
Ouvre les yeux et vois cette nuée d'oiseaux
A l'assaut de la mer inconnue, où vont-ils ?
Moi je dis que là-bas il y a des roseaux ;
Allons voir, allons voir ; je devine des îles
Où le jour se lève, me nourrit et se couche,
Sur des plumes divines et des cavernes sûres.
Il y aura de l'eau chaude comme ta bouche
Pour accoucher la fille et fermer sa blessure.
A ton signe, à ta voix, recueillis sous tes lances,
Des troupeaux de bisons réclamant sacrifices,
Et quand éclatera la lune d'abondance,
Des orages de fruits pour que vive ton fils.
Ton destin est le mien, nous ne mangerons plus ;
Nous irons frayer aux savanes intérieures,
Et tu t'enflammeras mon désir pur et nu ;
Que je hurle ta joie, que tu craches mon coeur.
Et si par miracle nos prières parviennent
A calmer ces dieux fous que ta douleur fascine,
Je n'accepterai pas que l'un d'eux me ramène
Où j'ai pleuré du sable et mangé des racines.
Je ne retourne pas sur les lieux anciens,
Sous les lois de guerriers débouchant aux clairières,
La mémoire brûlée, le flambeau à la main ;
S'il me faut retourner, je retourne à la mer.
Je suis jeune, Nataq, comme un faon dans l'aurore,
Et la vie veut de moi et voudrait que tu viennes ;
Réveillons la horde, je l'entends qui l'implore ;
Attachons les épaves aux vessies des baleines.
Nous serons les premiers à goûter aux amandes ;
Traversons, traversons, amenons qui le veut.
Aime-moi ! >>Aide-moi ! Mon ventre veut fendre.
Je suis pleine, Nataq, il me faudra du feu.