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La colère
C’est toi qu’il me faut
Tout de nous
Dis, quand reviendras-tu ?
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m’as dit cette fois, c’est le dernier voyage,
Pour nos c?oeurs déchirés, c’est le dernier naufrage,
Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c’est joli pour se parler d’amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,
Le printemps s’est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
A voir Paris si beau dans cette fin d’automne,
Soudain je m’alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne,
Ton image me hante, je te parle tout bas,
Et j’ai le mal d’amour, et j’ai le mal de toi,
Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,
J’ai beau t’aimer encore, j’ai beau t’aimer toujours,
J’ai beau n’aimer que toi, j’ai beau t’aimer d’amour,
Si tu ne comprends pas qu’il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrai ma route, le monde m’émerveille,
J’irai me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,
Je n’ai pas la vertu des femmes de marins,
Dis, mais quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus…
Paroles et musique: Barbara
Le geste d’amour
Un piano
Un piano,
C’est tiède comme une femme.
Ca tient les mains au chaud
Et ça tient chaud à l’âme.
Un piano,
C’est comme un catafalque,
Ca sent déjà l’encens,
Un Piano,
C’est doux comme du talc.
Et dedans dorment les musiciens,
La tête penchée sur des blanches,
Comme un nid blotti dans les branches,
La tête de Jean-Sébastien…
Un piano,
Mais oui, c’est transportable,
Un piano,
J’en ai un dans mon ventre,
J’en ai un dans mon cartable,
Un piano,
Ca tremble comme un fanal
Au fond d’une vallée,
Un piano,
C’est long comme un canal.
Et dedans se noient les musiciens,
La tête penchée sur des noires,
Ils me racontent leur histoire,
L’histoire de Jean-Sébastien…
Un piano,
C’est là comme un ami.
Ça donne son silence,
Ca vous veille la nuit,
Un piano,
C’est lourd comme une armoire,
Ça couve la musique,
Ça garde la mémoire…
Et dedans, rêvent les musiciens,
La tête penchée sur l’ivoire,
Y a pas besoin de jouer pour voir
La tête de Jean-Sébastien…
Au piano,
Je m’y assois souvent,
Sans toucher, sans toucher,
Et j’attends, et j’attends…
Qu’ils reviennent les musiciens,
La tête penchée sur la Vie,
Qu’il revienne le souvenir ancien
Des doigts de Dinu Lipatti.
Paroles: Henri Tachan
Sur une musique empruntée à Jean-Sébastien Bach