Un an, Il est midi moins deux minutes. Et je suis encore à la bourre.

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Chanson tirée du CD Autodidacte – Joyet (2012)
Texte et musique: Bernard Joyet . Arrangements: Nathalie Miravette
Produit et réalisé par Didier Pascalis pour Tacet

Texte

Un port à l’abandon une jungle anonyme
Sous la voûte embrasée d’un orage perdu
Au silence soudain de la faune unanime
À son plus haut corbeau un arbre s’est pendu
Le jour ne venait plus frapper à ses persiennes
La nuit n’allumait plus ses lucioles d’antan
La sève n’allait plus jusqu’au bout de ses veines
Alors à quoi ça sert d’espérer le printemps

Les piafs du monde entier auraient fait le voyage
Pour lui verser leurs chants et badiner autour
Combien de papillons se sont crus son feuillage
Et combien d’étourneaux se sont faits ses vautours
On n’a pas une idée on ne sait pas le nombre
Des agneaux égarés qui le firent berger
Des maquisards blessés arrimés à son ombre
Il a servi de phare à tant de naufragés

Tant et tant d’amoureux ont brodé son écorce
D’un contrat illégal au sang de leur canif
Et c’est peut-être ainsi qu’il a perdu sa force
On se dessèche trop d’avoir le cœur à vif
Alors la foudre aux yeux notre fier escogriffe
Déployant d’un éclair ses ailes de géant
A déchiré le ciel de son ultime griffe
À l’amour à la vie à toujours au néant

Des épaves rouillées se cognaient dans les rades
Un réverbère usé éteignait son bistro
Un nuage a tendu sa dernière embuscade
Il a fallu qu’il pleuve une corde de trop
Ni contes braconniers ni fables ni comptines
Pas plus de son du cor que de biche aux abois
Ni Merlin l’enchanteur ni rondes enfantines
La forêt ce matin a la gueule de bois

Celui qui le croit mort ne connaît pas cet arbre
Qui restera debout même sans frondaison
Plus le temps passera plus il sera de marbre
Et plus il fera front à l’assaut des saisons
Oiseaux et papillons refleuriront ses branches
La faune reprendra sa danse du maquis
Et le loup et l’agneau amoureux du dimanche
Viendront poétiser leurs cadavres exquis

 

 

 

 

4 Comments

  • BELLEMERE Jean-Pascal

    Je lis ce texte et je pleure, comme pleurent et vont pleurer à sa lecture ceux qui zaimaient Allain. J’ai eu le bonheur que ma vie croise la sienne et aujourd’hui encore, cette première soirée de rencontre, d’amitié, de chansons et… de bon(s) vin (s) est un des plus beaux moments de ma maigre existence… D’autres moments ont suivi, Ivry, Vitry, la petite Fantine, le bar d’Allain… J’allais déjà, à l’époque, à la Remise, au Podello, à Antraigues, conduit par des amours ineffaçables… Je ne savais pas que d’autres de mes amours y perdraient leur vie. La Volane est une voleuse… Mes fêtes de l’Humain deviennent grises, depuis quelque temps… Il est des moments où j’aimerais croire, comme la plupart de mes congénères, à des retrouvailles en un endroit céleste ou sous tes reins… Souterrain, c’est l’Est, le preste ! Merci pour ce beau souvenir, que je partage, puisque tel est le slogan amical à la face de bouc de ces temps lourds…

  • Chris Land

    Pardon d’être terre à terre à propos de cette émouvante succession de portraits émotionnels, mais je trouve que les numéros affichés en haut des images troublent leur vision, ainsi que les flèches dans les clichés. Pourquoi ne pas faire comme pour les autres séries : pas de numérotation et les flèches à l’extérieur de l’image ?

  • Chris les photos qui sont affichées après le texte répondent à tes critères.

  • Robinsonne

    Je découvre ce texte, et c’est superbe. Voilà. J’avais juste envie de vous le dire, Bernard et Nathalie…

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